Sujet : Choisissez un mythe ou un grand héros littéraire que vous connaissez bien et rédigez un dialogue théâtral à deux ou trois personnages qui désacralise le héros choisi. Celui-ci participera au dialogue ou sera évoqué par les autres personnages.
Naï

Personnages :
NARCISSE (épris de lui-même)
UNE JEUNE FEMME (éprise de Narcisse)
LA GAZELLE (acolyte de Narcisse)

La scène est entourée de miroirs de tous côtés, places comme les murs d’une pièce. Entre les miroirs, se trouve une chambre et Narcisse, debout seul au milieu de la scène.

NARCISSE : Ah ! Quelle beauté ! Quelle pureté ! Quelle jeunesse ! Quelle perfection ! Admirez cette peau lisse et dorée, ces yeux clairs débordant de lumière, ce nez aquilin, ces lèvres rouges, pleines, charnues. Voyez cette chevelure blonde, lisse et soyeuse comme de la soie, ces pectoraux, ces biceps gonflées. Regardez ces bras puissants, ces jambes musclées et ce buste, oh ! Ce buste ! Existe-t-il, je me le demande, une plante, une personne, un animal en ce monde plus beau que Narcisse ? Narcisse, si la perfection avait un visage, ce serait sans nul doute le tien.

La gazelle entre

LA GAZELLE : Narcisse ! Je reçus à l’instant une nouvelle dévastatrice et invraisemblable. Un bruit court, un bruit horrible, aberrant, bruit…oh Narcisse, je e peux me résoudre à vous le révéler !
NARCISSE, impatient : Parle !
LA GAZELLE, dévastée : Il existe, dit-on, une fleur plus belle que vous, Narcisse !
NARCISSE, incrédule : Impossible ! Cela est impossible ! Cela ne peut être vrai ! M’entends-tu Gazelle ? C’est impossible, inimaginable !
LA GAZELLE : C’est ce qui se dit pourtant…Ah c’est horrible, c’est horrible ! Que faire ?
NARCISSE : Je trouverai cette fleur et l’éliminerai ! Je vais de ce pas organiser mon voyage. Je la trouverai, je la trouverai ! Gazelle ! Vas vite préparer des victuailles et retrouve-moi dans la porscherie. Nous prendrons la Porsche jaune pour éblouir tout le monde sur notre passage.
LA GAZELLE, docile : Oui Narcisse.

Narcisse et la gazelle parcourent le monde dans la Porsche jaune pendant quelque temps. Lorsqu’ils reviennent sur scène, le décor a changé. Nous sommes maintenant au bord d’un lac avec une flore splendide.

NARCISSE : Gazelle, regarde toutes ces fleurs et dis-moi s’il y en a une seule qui soit plus belle que moi, Narcisse.

La gazelle fait un tour et regarde chaque fleur avec attention, puis revient vers Narcisse.

LA GAZELLE : Beau Narcisse, de toutes ces fleurs, chacune plus belle que l’autre, il n’en existe aucune qui soit aussi belle et aussi complète que la plus suprême des fleurs : vous.
NARCISSE : C’était évident.

Une jeune femme apparait entre les fleurs et reste sans voix face à la beauté de Narcisse.

NARCISSE : Ah, qui es-tu ?
LA JEUNE FEMME : …
NARCISSE : Réponds donc à Narcisse !
LA GAZELLE : Vous le voyez bien Narcisse, c’est une jeune femme.
NARCISSE : Une jeune femme ? Soit.
LA JEUNE FEMME, ayant un peu retrouvé ses esprits : Vous…vous êtes si…beau !
NARCISSE : J’en suis conscient. Je suis Narcisse et il n’existe rien au monde qui soit à la hauteur de ma beauté.
LA JEUNE FEMME : Narcisse…
NARCISSE : C’est moi.
LA GAZELLE : C’est lui.
NARCISSE : Jeune femme, regarde toutes ces fleurs et dis-moi s’il y en a une seule qui soit plus belle que moi, Narcisse.

La jeune femme reste sur place pendant quelques secondes puis obéit et revient vers Narcisse après avoir regardé chaque fleur. Elle en tient une.

LA JEUNE FEMME : Cette fleur…si belle…si pure…si blanche…
NARCISSE, rouge de colère : Je n’ai rien à envier à cette misérable fleur !
LA GAZELLE : Mais non, mais non…
LA JEUNE FEMME : Elle est pourtant si belle…
NARCISSE : Non ! Elle ne l’est pas ! Narcisse est beau, cette fleur est ordinaire.
LA JEUNE FEMME : Narcisse, je…je vous…
NARCISSE : Tu me quoi ?!
LA JEUNE FEMME : Je vous aime.
NARCISSE : C’est évident. Tout le monde aime Narcisse. Narcisse est beau, il est jeune, il est pur. Narcisse est parfait.
LA JEUNE FEMME : Narcisse, je vous aime !
NARCISSE : Je l’ai compris !
LA GAZELLE, bas à Narcisse : Je crois qu’elle veut dire qu’elle est amoureuse de vous…
NARCISSE : Amoureuse ?!
LA JEUNE FEMME : Narcisse, m’aimez-vous ?
NARCISSE : Non. Vous êtes moins belle que moi voyez-vous, et je ne puis aimer quelqu’un qui soit moins beau quoi moi.

Des larmes se mettent à couler sur le visage de la jeune femme, elles grossissent, grossissent, jusqu'à devenir une cascade.

LA JEUNE FEMME, en s’approchant de plus en plus de Narcisse : Je…vous…aime…

Une larme de la jeune femme touche Narcisse qui disparaît. Apparaît à sa place une fleur unique.

LA GAZELLE, émue : Narcisse ! Narcisse ! À la jeune femme : Vos larmes l’ont transformé en fleur ! Ah ! Jamais je n’ai vu de fleur si belle ! Le ciel, la mer, le Soleil, la nuit et la pluie se reflètent dans ses pétales. Narcisse était le plus beau des hommes, il est à présent la plus belle des fleurs.

Devoir de français : sujet : Dans le texte de Le Clézio (extrait de Désert), vous dresserez le portrait de la jeune Lalla telle que le Hartani la perçoit.
Naï

                Le Hartani la regarde, elle le fascine. Il pense qu’il pourrait la regarder indéfiniment, admirer sa beauté infinie. Elle est belle, de cette beauté sauvage qui ferait chavirer un cœur de pierre. Elle est belle, oui, si belle…
                Il la regarde, elle le fascine. Ses longues boucles, d’un noir d’ébène, retombent en cascade sur ses épaules. Décoiffées, indomptables, elles caressent ses hanches avec une délicatesse inattendue. Sous cette chevelure ensorcelante, un visage ovale, bien dessiné, parfait. Lalla est une œuvre d’art. Ses grands yeux noirs emplissent le Hartani, qui les regarde inlassablement, d’une admiration profonde. Ces belles amandes noires entourées de longs cils épais et charbonneux, ce regard profond, brillant d’intelligence et de malice, oui, il aimerait y plonger et s’y noyer pour ne jamais en ressortir. Son nez, droit, fin et au bout légèrement retroussé est entouré de deux pommettes hautes et rosées. Et, pour compléter ce visage angélique et démoniaque à la fois, des lèvres minces et rouges comme le sang. Toujours inexplicablement blessées et constamment souriantes, ces lèvres, plus que tout le reste, l’émerveillent. Ces lèvres, elles remuent sans arrêt et, bien qu’il ne puisse entendre la voix qui en sort, il arrive parfaitement à se l’imaginer. Une voix rauque et forte qui met tous ses sens en émoi. Sous ces lèvres, se cachent trente-deux petites perles dont la blancheur contraste avec le rouge éclatant des livres et le teint doré du visage.
                Il la regarde, elle le fascine. La tête délicatement posée sur son cou de gazelle, elle le regarde aussi. Et elle attend. Il l’admire : ses épaules fines, son dos droit, sa silhouette, grande, mince et élancée. Sa posture, très droite et distinguée, lui rappelle celle de certains oiseaux que l’on voit si souvent ici. Sa peau a la couleur du sable du désert, du Soleil, de l’or. Lalla est un bijou, un bijou extrêmement rare, unique au monde. Jamais le Hartani n’a vu de telle beauté. Cette fille a fait entrer le soleil dans sa vie.
                Il la fréquente déjà depuis un certain temps et commence à bien la connaître. Elle est profondément blessée, il le sait. Aux yeux de tous, Lalla passe pour l’adolescente la plus forte en ce monde, lui, il sait qu’elle ne l’est pas, que ce n’est qu’un masque. Son abandon, elle ne s’en est jamais remise. Elle est toujours de bonne humeur, souriante, on pourrait croire qu’elle est la fille la plus heureuse du monde. Elle ne l’est pas. Elle est perdue et vulnérable, en quête d’une identité qu’elle ne trouve pas. Tout cela, elle le lui a dit dans le langage spécial qu’elle a inventé pour qu’ils puissent communiquer. Ce langage, eux seuls le connaissent, il sort tout droit de l’imagination de la jeune fille. Elle, si intelligente, n’a eu aucun mal à trouver une façon de se faire comprendre du sourd-muet. Le maître d’école lui répète sans cesse que, si elle continue ses études, elle sera un jour « une grande femme ». Elle est vraiment intelligente. Mais elle ne veut pas, les études l’ennuient, il y a trop de règles à respecter, Lalla est une anarchiste. Elle voudrait être artiste pour n’en faire qu’a sa tête, et gare à celui qui essayera de lui dicter sa conduite. Par-dessus tout cela, elle est spontanée, vive et franche. Elle dit tout ce qu’elle pense sans y réfléchir et cela lui a souvent attiré des ennuis. Mais cela a peu d’importance : elle vit dans son propre monde et n’a de comptes à rendre à personne.
                Il la regarde, elle le fascine. Par son visage parfait, elle le fascine. Par sa personnalité exceptionnelle, elle le fascine. Mais surtout, elle le fascine par la façon dont elle le traite. Sa façon d’ignorer son handicap, de lui « parler », de se confier à lui. Sa façon de lui sourire, ses sourires complètement dépourvus de pitié. Sa façon de lui lancer des tapes amicales dans le dos alors que tout le monde s’apitoie sur « ce pauvre sourd-muet ». Sa façon de le traiter comme un être humain normal. Sa façon de ne pas lui montrer cette lueur de pitié qu’il perçoit dans le regard de quiconque pose les yeux sur lui. Oui, elle le fascine.
                Il sent chez elle une grande douceur, une extrême sensibilité, qu’elle camoufle maladroitement sous des airs d’adolescente révoltée contre le monde entier. Avec elle, il se sent vivant, fort, intouchable. La confiance qu’elle lui porte le touche jusqu’au plus profond de son cœur. Avec lui, Lalla a compris que parler est inutile, il comprend ce que ses yeux disent. Elle a compris aussi qu’elle ne peut pas cacher les blessures de son âme derrière un sourire : il n’est pas dupe. Elle s’ouvre alors à lui et lui révèle tout. Elle sait qu’elle peut lui faire confiance. Elle lui fait ressentir des choses qu’il n’a jamais ressenties auparavant.
                Lalla est belle et complexe ; mais avant tout, Lalla est une femme dans toute sa splendeur, avec ses qualités et des défauts, sa force et sa vulnérabilité, son sourire éclatant et ses blessures profondes, avec tous ses paradoxes, Lalla est une femme, et il l’aime.

Poème écrit avec Yasmine Habli en 2010, poussées par un élan d’ennui inhabituel.
Naï

AIMER! Tout est paroles! Souvent le cœur nous parle.
Ses propos m'exaspèrent et je le vois trahi,
Et je le sens souffrir, raconter son malheur,
Et par ses battements, exprimer sa douleur.

Cependant de ton nom, Françoise, ma Françoise,
S'exprime une passion aux allures bourgeoises.
Flamme de mon amour, crépitant dans mon cœur,
Aux soirées près du feu tu calmes ma douleur.

Rhododendrons cueillis, je te les offrirai,
Il seront ornements de tes cheveux coupés.

Amour que je te porte, atomes de ma vie
Électrons passionnels s'animent quand tu ris.

Nonobstant jalousie domine tes pensées,
Torture tu m'infliges après avoir dansé.

Couleur dans cette vie, tu as fait apparaitre
Un immense bonheur en moi tu as fait naitre.

Oiseau virevoltant dans les cieux flamboyants,
Tu as été pour moi, l'espace d'un instant,

Image chimérique, évocation lointaine,

Suspendue dans le temps, ... qu'une passion vaine!

Et lorsque je m'exprime, écrivant ces paroles,
J'entends dans mon esprit, le chant d'un rossignol!
**********
Ce merveilleux poème, d’une grande sensualité, qui, frôlant le ridicule, arrive à se frayer un chemin vers le modeste univers des poèmes d’amour, a été écrit par la grande et respectueuse Y.H devant laquelle Victor Hugo lui-même reste bouche-bée depuis sa mort, ainsi que par la merveilleuse et illustre femme de Lettres demoiselle N.S, dans l’espoir que l’écriture remplacera un jour Facebook.
[...]
Je ne mets personne au courant de mon projet. Les autres n’ont pas besoin de savoir, cette décision, je l’ai prise tout d’abord pour moi. J’imagine leurs réactions s’ils savaient : « Tu es folle Jade, tu ne réalises pas l’ampleur de tes paroles ! Comment comptes-tu réussir à rendre tout le monde heureux ? » Non, ils n’ont pas besoin de savoir. Moi-même, je ne sais pas encore comment je vais pouvoir le faire. Cette entreprise me paraît extrêmement difficile à concrétiser, et pourtant, je la sais essentielle à mon bien-être.
Pendant mon séjour à l’hôpital, j’ai beaucoup de temps à tuer, ce qui me permet de me préparer à l’action. Je commence par faire des fiches, que je vais ensuite classer par ordre de priorité. Chaque personne qui m’est chère se voit donc attribuer une fiche sur laquelle je liste tout ce que je peux lui apporter. Je consacre ainsi ma convalescence à penser et à mettre en place mon projet pour, à peine sortie de l’hôpital, le mettre en œuvre.
Mercredi 16 juin 2010
Je suis enfin autorisée à rentrer chez moi. Tout de suite, je m’attèle à la tâche en commençant par les choses faciles, les « petits » cadeaux. Une bonne partie de mes économies passe, par exemple, sur une console de jeux vidéo pour mon frère qui en a toujours rêvé. Je consacre à ces gâteries tout l’argent que me rapportent les leçons particulières et autres petits jobs que j’entreprends. Mes parents et mes amis me répètent sans cesse d’arrêter de me ruiner en cadeaux, mais rien n’y fait, je suis bien déterminée à mener mon projet jusqu’au bout. 
Après les plaisirs matériels, vient le bien-être moral, et y arriver est plus compliqué. Je deviens alors l’optimisme en personne. Tout est surmontable, rien n’est impossible, chaque problème a une solution. Ma devise : ça aurait pu être pire… Rien ne me fait plus plaisir que de voir un sourire se dessiner sur le visage de mon interlocuteur. Je déborde d’énergie, de bonne humeur et surtout d’idées nouvelles pour atteindre mon idéal de bonheur. Je suis consciente que certaines personnes égoïstes ou mal intentionnées pourraient profiter de moi, mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds. J’ai une volonté de fer, rien ne m’arrête. Ma détermination ne connait aucune limite et l’idée de l’aboutissement de ce projet, à elle seule, suffit à me donner des ailes. Chaque jour devient un défi de plus à surmonter, mais aucune difficulté ne peut m’atteindre.
* * *
Lou sent ses larmes couler sans pouvoir les retenir pendant qu’une tristesse sans pareille s’empare de tout son être. Elle relit inlassablement ce carnet que la mère de Jade lui a donné, malgré la douleur que cela suscite en elle. Sa meilleure amie lui manque horriblement. Elle pense à elle, à son optimisme, à sa bonne humeur communicative et ne peut s’empêcher de pleurer. Jade répétait sans cesse : « Ne pleure pas, tout ira mieux demain. » Mais cette fois, ce n’est pas vrai. Elle est partie, tout n’ira pas mieux. Elle se demande pourquoi. Pourquoi elle ? Pourquoi les meilleurs partent-ils toujours les premiers ? Elle se dit que c’est injuste, que la vie est injuste. Ou alors elle est tout simplement cruelle. Elle a été retirée à la seule personne en ce monde qui savait vraiment en profiter et Lou trouve ça infâme. Malgré la colère qu’elle ressent envers le monde pour lui avoir arraché sa meilleure amie, elle réussit à se maîtriser comme celle-ci le lui avait appris. Elle doit rester forte et faire face au manque profond qui s’empare d’elle. Elle doit reprendre le cours de sa vie et essayer d’en profiter. Elle le doit… pour Jade au moins.

Cette nouvelle a été écrite dans le cadre du prix Maupassant de la jeune nouvelle, organisé par l’AMOPA.
Naï

            "L’usage le plus digne qu’on puisse faire de son bonheur, c’est de s’en servir à l’avantage des autres."
Marivaux
Tout a commencé par un cri. Un cri, suivi de près par un blanc. Le vide. Ce cri horrible, aigu, déchirant, qui résonne encore aujourd’hui dans ma tête. Ce cri qui ne me lâche pas, que je ne peux oublier. Nous sommes là, toutes les deux, sur le bord de la route. Un pas, des freins qui grincent, un cri, puis plus rien. C’est le souvenir atroce de ce cri qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui pour mes proches : un ange-gardien.
            Pour comprendre mon histoire, il faut bien sûr remonter avant l’accident, à l’époque où je menais une vie calme, paisible mais aussi, et surtout, insignifiante. J’étais alors une adolescente comme toutes les autres qui ne pensait qu’à sortir, faire la fête, voir ses amis… C’était ça pour moi « profiter de la vie » : croire que tout était au mieux dans le meilleur des mondes et ne me préoccuper de rien. Chaque jour, je me levais, j’allais au lycée, je rentrais chez moi, je faisais mes devoirs, et rebelote.  Tous les vendredis soirs, je dinais avec Lou, ma meilleure amie. Les samedis, c’était avec toute la bande de copains du lycée, et les dimanches, j’étais en famille. Cette routine ne me déplaisait pas, je ne ressentais en aucun cas le besoin de la changer. J’étais heureuse, ou du moins, je croyais l’être. Jusqu'à ce jour, il y a deux ans aujourd’hui, où tout a basculé.
            Vendredi 9 avril 2010
            Je sors du lycée avec ma meilleure amie Lou. Je ris à l’histoire qu’elle vient de me raconter, probablement quelque chose qui s’est passé pendant son dernier cours. On m’appelle, je me retourne. C’est une fille de ma classe qui veut me poser une question. Je vais lui parler en disant à Lou de m’attendre de l’autre côté de la rue. Quand je finis, je vais retrouver Lou. Au moment de traverser, je me souviens d’une dernière chose à dire a ma camarade de classe, je me retourne, sans m’arrêter. Je pose un pied puis l’autre sur la chaussée et fais un pas sans regarder. Soudain, j’entends des pneus qui crissent dans une tentative d’arrêt précipité, je tourne la tête et je vois une voiture foncer vers moi, je n’ai le temps de rien faire. Au même moment, un cri me perce les tympans et le cœur. C’est Lou. Elle crie : « JADE !!!!!!! ». Et voila. C’est tout ce dont je me souviens. La suite, vous vous y attendez : la voiture me percute, on panique, on appelle une ambulance, on me transporte à l’hôpital où l’on m’examine et d’où l’on appelle mes parents. Le verdict tombe, ma vie est en danger ; je suis dans un coma profond. Pendant trois longues semaines, j’ai demeuré ainsi, dans cet état précaire entre la vie et la mort. Pendant trois longues semaines, j’ai entendu les voix de mes parents, de mes amis. Pendant trois longues semaines, j’ai perçu l’inquiétude dans leurs paroles. Pendant trois longues semaines, j’étais là sans vraiment y être…
            Dimanche 2 mai 2010
            Après presque un mois, j’ouvre enfin les yeux. Je ne vois pas grand-chose, tout est flou autour de moi, mais qu’importe, j’ai ouvert les yeux, c’est tout ce qui compte. J’ai besoin de quelques minutes pour m’habituer à la lumière, mais je ne vois toujours pas nettement. J’entends une voix prononcer mon nom sur un ton incrédule. Je la reconnais : c’est Lou ! Elle court appeler quelqu’un, dire à tout le monde que j’ai ouvert les yeux, que je suis sortie du coma. Médecins et infirmiers se succèdent dans ma chambre, mes parents arrivent peu après. Je suis très fatiguée et tout mon corps me fait mal, mais j’ai ouvert les yeux !  Petit à petit, je commence à reprendre conscience. Je ressens une douleur poignante à la jambe gauche, on me dit que je souffre de plusieurs fractures. Je veux me lever, bouger, reprendre le cours de ma vie, mais je ne peux pas, je suis clouée à ce lit pendant encore un mois, au moins.
Les quelques jours qui suivent sont difficiles, je suis très fatiguée, j’ai des migraines horribles et tout mon entourage se presse à mon chevet. Je reçois, entre autres, la visite de mes grands-parents, de mes cousins, d’un bon nombre de membres de ma famille paternelle comme maternelle, d’une grande majorité de mes camarades de classe (qui viennent souvent en groupes) et même de pratiquement tous mes professeurs ! Bien que je sois heureuse de les revoir et touchée par leur présence, je suis trop fatiguée pour profiter pleinement de ces retrouvailles. Quand je suis seule, ce qui est plutôt rare, je lis, je somnole, ou alors je réfléchis. Je pense beaucoup à « avant », avant l’accident, avant le coma. J’essaye de me rappeler ce qui m’est arrivé. Je le sais, évidemment, mais je ne sais que ce que l’on m’a raconté ; personnellement, je n’ai aucun souvenir de ce jour-là. La seule chose dont je me souvienne, et que pourtant j’aimerais oublier, est le cri de Lou, ce cri qui me hante jour et nuit. Je médite aussi beaucoup sur la vie. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte à quel point celle-ci est fragile et instable. Je prends conscience que tout peut basculer d’une minute à l’autre et cette idée m’angoisse. Je sais maintenant que la durée de ma présence sur terre est limitée et je veux en profiter autant que possible. Je suis déterminée à changer de vie, à atteindre le bonheur. Je veux être heureuse, soit, mais je ne peux y arriver si ceux que j’aime ne le sont pas eux-mêmes. Je prends alors la décision qui va bouleverser ma vie et celle de mon entourage : toute personne qui m’est proche doit être heureuse. Ce que j’entends par là ? C’est simple : pour moi, le bonheur est la satisfaction de tous les besoins et de tous les désirs. Partant de ce principe, je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour combler de bonheur les gens qui comptent pour moi. 
[...]


Devoir rédigé en novembre 2011 : Rédigez le discours que Figaro (Le Mariage de Figaro –Beaumarchais) prononcerait devant une foule pour dénoncer la politique de son époque. (Je précise qu’il faut se remettre dans le contexte du 18e siècle.)
Naï

               Mesdames, messieurs, chers compatriotes, si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour répondre ensemble à cette question que l’on entend si souvent dans les rues de Paris, et que nous nous sommes tous posée au moins une fois : « Qu’est vraiment la politique ? » Oui, nous savons tous la définition de la politique, s’occuper des affaires publiques. Ce que nous ignorons, c’est que cette politique à laquelle s’adonnent tous nos courtisans n’est qu’une interminable comédie.
                Ces gens-la, que nous appelons des politiciens, ne sont en fait que des acteurs. Mauvais par-dessus le marché. Chacun d’eux cache son vrai visage derrière un masque : l’ignorant sait tout, celui qui sait tout ne sait plus rien, l’homme puissant n’a plus aucun pouvoir, et le « petit » politicien a la plus grande influence. Dans ce grand théâtre, savoir jouer est inutile, il suffit de savoir parler, flatter, convaincre et persuader : tout se base, vous l’aurez compris, sur le paraître.
                Naturellement, la politique n’est pas qu’une comédie. C’est aussi et d’abord une course aux intérêts. Pas aux intérêts publics, détrompez-vous, mais plutôt aux intérêts personnels. Son mot d’ordre : CORRUPTION. Que pensez-vous qu’un politicien fait à longueur de journée dans son bureau ? Eh bien, il se livre à ce que l’on peut définir comme de l’espionnage. Ah oui, les politiciens, bien qu’acteurs médiocres, sont de très bons espions. Ils ont, tous, un don inné pour intercepter des lettres et en amollir les cachets, pour épier, écouter sans en avoir l’air et repérer ceux qu’ils se plaisent à qualifier de traîtres. Ah ! Des traîtres ! Comme s’ils n’en étaient pas, eux, des traîtres ! Comme si toutes leurs actions se faisaient dans la plus grande légitimité ! Ils me répondront tous que leurs bassesses à eux, ils les ont faites pour des causes nobles. Permettez-moi de vous informer, chers politiciens, que des causes nobles n’ont, par définition, pas besoin d’être soutenues par des moyens bas et vils. Arrêtez donc de vous cacher derrière la prétendue importance de vos causes !
                Chers compatriotes, j’espère que vous êtes d’accord avec moi : avec tout ce mensonge, cette hypocrisie, cette ambition, nous oublions l’essence même de la politique : défendre les intérêts publics.

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